Vous avez sans doute remarqué sur votre profil Facebook, que les mêmes informations se répètent de médias en médias. Les mêmes articles, les mêmes vidéos, les mêmes photos déclinées en « Elle a photographié sa fille dans des décors féériques », publiés sur toute la presse en ligne.
Les médias sociaux : cercle vertueux de la redite
Ce constat m’amène à me demander si du contenu exclusif et de qualité arrive encore à exister. La monétisation des posts et des pages amène une récurrence des informations (souvent non souhaitées, car nous ne likons pas forcement les pages qui reviennent inlassablement), les algorithmes de Facebook entrainent un cercle de données qui peuvent nous intéresser en fermant d’autres opportunités, la chasse aux posts à like, qui devrait être réalisée par Facebook nous soulagera des titres racoleurs « Révélation de ses secrets minceur, Nabilla énervée ».
Rien de nouveau dans ce que j’affirme, mais le constat est là sur ma page Facebook, seule une « élite monétisée», de l’information me parvient et elle est souvent dénuée d’intérêt. Mais heureusement, ce n’est pas mon unique source d’information.
Nous y sommes, le community management ce n’est PAS que Facebook et Twitter. Et c’est une notion contre laquelle nous nous battons régulièrement, une évangélisation des clients pour leur expliquer qu’une e-réputation est bien plus large. Nous sommes certes sur une communication qui passe sur le vecteur web, sur les médias sociaux et tout ce petit monde inclus également, les forums, les blogs et j’en passe. Une e-réputation est globale et malheureusement pour certains, elle n’est pas sur un seul vecteur de communication.
Où se trouve le buzz et l’engagement des internautes ?
J’en suis arrivée à me demander s’il y a un buzz invisible, des informations qui soulèvent des vagues de commentaires, d’argumentations, de partages ailleurs, sans que ce dernier ne parvienne aux non-initiés ? L’idée est que sur Facebook nous nous retrouvons avec une massification du like sur des sujets bien donnés. Les commentaires vont fuser, et on se retrouve pour moi avec des recettes à buzz. Mais existe-il d’autres mécaniques moins visibles qui peuvent entrainer des foules ?
C’est un peu ce que l’on retrouve sur des forums spécialisés ou des blogs. Je vais m’arrêter sur un sujet : « Enemy », film que je suis allée voir et qui m’a interpellé. Attention pas de spoiler dans cet article, même si un éclairage avant de le voir peut être un plus ! Surprise par ce film, et surtout par sa fin, j’ai tenté de trouver, après réflexion, des éléments de réponse. Je me suis rendue compte qu’à l’image d’Inception, ce film a soulevé beaucoup de réactions. Tout d’abord, sur l’appréciation ou non du film, sur les explications, les hypothèses, les internautes confrontant leurs idées les uns aux autres.
Le constat est le suivant, le film Enemy n’a pas été dans mon fil d’actualité au cœur de grands débats, mais dès que l’on se déplace pour aller chercher de l’information, il y a un véritable bouillonnement. Pour éclairer mes propos quelques données issus de médias spécialisés :
- Cinérama : site dédié au cinéma qui m’a donné des explications sur Enemy : 141 commentaires de qualité (messages argumentés, des questionnements, des échanges, des félicitations et des confrontations de point de vue)
- Sens Critique : match de critiques : 66 commentaires (des commentaires relativement constructifs)
- Allo Ciné : 76 critiques (tout le monde donne son avis, et certains messages manquent d’argumentation)
L’interaction sociale de Cinérama
Je souhaite aborder la notion d’engagement et d’interaction. Or, il faut avouer une chose, tous les sujets ne s’y prêtent pas de la même manière. Le cinéma va porter tous les éléments pour que l’alchimie opère.
Le film Enemy est tout d’abord un film complexe, qui donne lieu à une réflexion. Les allégories disséminées, les énigmes auxquelles nous sommes confrontés, les scènes à décoder et les multiples détails sont propices à ce que le dialogue se poursuive après le visionnage. Denis Villeneuve (le réalisateur), annonce lui même la couleur « Ce n’est ni une œuvre bavarde, ni une œuvre facile ».
Le sujet va donc entrainer les passionnés de cinéma sur des réflexions. Les communautés déjà bien ancrées sur ces sujets de « niche », (que je mettrais en opposition avec les traditionnels sujets likés sur Facebook) vont commencer à éclairer nos lanternes. Il s’agit d’experts, et encore une fois nous arrivons à la notion de leader d’opinion, qui de part leurs avis argumentés ont une crédibilité incroyable.
Je vais revenir sur le site Cinérama. Il est le plus intéressant à mon sens de part la qualité de ses explications, son implication à échanger avec les internautes et la qualité (d’une manière générale) des commentaires.
Les facteurs clés de succès sont à mon sens l’excellent article de l’auteur qui apporte réellement une valeur ajoutée. Cinéphile aguerri, ses réflexions sont portées par son expertise dans le domaine. Son article est loin d’être un billet fadasse sans arguments, il arrive à cadrer la complexité du sujet et surtout il apporte des hypothèses. Les internautes qui ont besoin d’information trouvent non seulement un article qui leur donne des pistes, mais surtout le dialogue se poursuit et s’enrichit avec les commentaires. Et, ce qui est un tour de force à mon sens, reste la qualité des commentaires. Qualité car souvent positifs, avec des remerciements et des félicitations pour l’article, mais aussi parce que les internautes jouent le jeu de l’argumentation. La plupart soumettent leur idée et cherchent à dialoguer, à avancer. Au vu du nombre de messages, il serait aisé de se dire que l’auteur ne va pas répondre à tout le monde. Il prend le soin, non pas de dire « cool, merci pour ton com’ » mais il répond aux questionnements, reste parfois sur ses positions mais il est présent pour tous, même pour les trolls. Et ces mêmes trolls, risibles de part l’inintérêt de leurs commentaires se trouvent raillés par les internautes suivant.
Un cercle vertueux ? Sur cet exemple à vrai dire oui, et c’est assez intéressant. Du coup, quels sont les facteurs clés de succès ?
Cette réflexion n’est bien sûr pas cadrée comme une étude scientifique, mais mon analyse me permet de dire :
- Les sujets qui amènent des questionnements et les énigmes sont propices au dialogue.
- La qualité d’un article (sa valeur ajoutée), l’expertise des auteurs et leur légitimité sont des facteurs de réussite (ici dans un objectif de dialogue avec les internautes).
- La réactivité et le soin que prend l’auteur à répondre, favorise les échanges et la « bonne humeur » web.
- Les échanges ne se passent pas uniquement sur Facebook et Twitter.
Un article pour vous montrer quels sont les leviers qui peuvent amener à avoir une émulation et surtout l’idée que votre réputation n’est pas uniquement sur Facebook. Qu’à vouloir cibler cet unique média comme espace de communication, vous pouvez vous retrouvez dans une impasse.
Et surtout qu’une e-réputation se surveille et se déplace au grès des attentes et des besoins sur l’ensemble des supports à notre disposition.
3 Commentaires à “Les facteurs clés de succès de l'engagement des internautes sur le web”