Les marques sont depuis longtemps valorisées dans les bilans en tant qu’actifs immatériels, notamment pour leur capacité à réduire l’incertitude chez les consommateurs.
Pousser la démarche pour intégrer l’e-réputation de la marque dans son bilan ne serait qu’un approfondissement logique d’un point de vue financier, mais que diriez-vous si la prochaine étape allait encore plus loin et vous concernait vous et votre “bilan personnel” en tant que personne privée ?
Vers une monétisation de l’e-réputation
C’est le grand dada de Michael Fertik, ponte US de l’ « online reputation » (www.reputation.com), et même si son point de vue est forcément un peu orienté, sa logique est implacable.
Trois sauts technologiques ont eu lieu, donnant à presque tout le monde l’accès à des capacités gratuites et illimitées :
• De stockage de données (les solutions de cloud gratuites)
• De recherche (moteur de recherches performants et gratuits)
• D’analyse (des tableurs open source permettent des analyses poussées)
Cette capacité d’analyse qui est possible pour tout un chacun avec un peu d’huile de coude, il est difficile d’imaginer ce que les sociétés ayant accès au big data pourront en faire, en tout cas on peut être sûr que :
• Tout ce qui peut être collecté le sera,
• Tout ce qui est collecté sera utilisé,
• Tout ce qui peut être utilisé contre vous le sera…
…everything will be scored.
La question du scoring
La collecte des données qui composent votre e-réputation ou celle de votre entreprise est déjà en cours depuis quelques temps, mais son exploitation en est encore à ses balbutiements, l’e-réputation est le plus souvent un facteur clé de succès donnant lieu à des conséquences assez brutes du type « tu as des baskets tu rentres pas », comme l’étudiant qui s’est vu refusé l’inscription dans sa deuxième année de Master pour cause d’utilisation insuffisante de Linkedin et Twitter, ou plus récemment une Allemande qui s’est vu refoulée à son entrée aux USA pour une conversation sur Facebook. L’enjeu est donc encore souvent réduit à ne pas avoir une mauvaise e-réputation, que ce soit pour les entreprises, les professionnels ou les privés.
En tant que personne privée le recrutement est la fonction la plus impactée, car c’est bien vous le produit que l’on achète. Les sociétés veulent un salarié qui se donne au maximum en semaine et qui se détend le week-end, votre profil Linkedin ou Viadeo est important, mais si votre compte Youtube comprend des vidéos de ballades en VTT le dimanche, c’est un plus… Au delà de ne pas avoir de mauvaise e-réputation, il est nécessaire d’avoir une stratégie web pour proposer un profil adapté aux canaux et aux cibles.
Des initiatives visant à analyser et calculer plus finement des « scores » liés à l’e-réputation (sortir du bon/pas bon) sont déjà en cours surtout dans le domaine du crédit, la plus médiatisée étant le brevet déposé il y’a quelques jours par Facebook pour permettre de calculer le risque financier lié à une personne en analysant la capacité de son réseau social à rembourser ses dettes. La société Lend Up utilise elle le nombre d’amis et le nombre d’interactions que vous avez avec eux pour affiner votre risque de crédit. C’est encore un pas de plus, ce n’est même plus votre profil qui est décortiqué mais un scoring social de votre réseau, dis moi qui tu pokes je te dirais quelle est ta ligne de crédit…
L’information c’est de l’argent, donc l’argent c’est de l’information ?
La limite devient floue, le meilleur exemple est le bitcoin, mais aussi l’évolution des banques : la très récente réorganisation de Google avec sa holding Alphabet est interprétée par beaucoup comme le dernier mouvement de Google avant le lancement attendu depuis 2014 d’une activité mondiale de banque gratuite.
Les moyens de paiement online sont arrivés à maturité (ex. paypal) et les smartphones remplacent peu à peu les cartes bancaires, qui mieux que Google pourra vous fournir ce service avec Android, et qui mieux que Google pourra analyser votre historique de recherches, vos vidéos sur Youtube, vos mails et vos habitudes de déplacements pour vous fournir le meilleur produit bancaire au « meilleur » taux…
Le conseil de Fertik : Evitez d’acheter des cigarettes ou de l’alcool avec votre carte de crédit, cela pourrait bien impacter votre prochain crédit immobilier ou votre prochain entretien de recrutement à moyen terme… Et ne vous étonnez pas si à votre prochain besoin ponctuel de trésorerie votre banquier vous demande un accès à votre messagerie interne pour estimer votre risque de crédit !
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